Éditions : L'association, 2000
148 pages(non numérotées)
Pourquoi avoir lu ce livre?
Mieux vaut tard que jamais, j'ouvre enfin un album de Delisle qui fait le buzz depuis quelques mois et dont, en vraie ignare que je suis, je n'avais jamais entendu parler avant son prix du "Fauve d'Or" au festival d’Angoulême pour "Chroniques de Jérusalem".
"Chroniques de Jérusalem" que j'ai failli avoir entre les mains d'ailleurs, après de longues semaines d'attente sur la liste de la bibliothèque et que je n'ai pas pu aller chercher quand il est devenu disponible pour moi.
Qu'à cela ne tienne, profitons-en pour les lire ses plus anciens albums. Pourquoi ne pas commencer par "Shenzen", le premier de ses récits autobiographiques, pour voir si cela évoque des souvenirs chez moi ?
Pour ceux qui, contrairement à moi, aiment lire la quatrième de couverture :
Je ne trouve pas l'image ... mais en gros, il n'y a rien d'écrit :) Juste le dessins d'un homme chinois qui tient un serpent suspendu à une baguette...
Ce que j'en ai pensé :
(attention cher toi, je vais un peu/beaucoup te parler de ma vie)
Ce récit m'a replongé dans le souvenir de mes 3 semaines de voyage en Chine. Les évènements décrits ici sont ceux de 1997 lorsque Guy Delisle a passé 3 mois à Shenzhen pour y travailler. Moi, je suis allée en Chine en 2006. On pourrait donc imaginer qu'il y aurait une différence temporelle entre ce qu'il nous décrit et ce que j'y ai vécu et pourtant, je m'y suis retrouvée.
Nous sommes passés très rapidement à Shenzhen et les constructions d'édifices continue de bon train. je me demande où ils arrêteront. Cette ville est considérée comme un vrai modèle de développement. La ville est propre, les bâtiments sont luxueux et beaucoup des personnes que nous avons croisé semblaient aisées.
Je disais donc que cela m'a rappelé des souvenirs : Nous sommes allés en Chine 2 ans avant les J.O et nous avons commencé par Beijing (Pékin). On pourrait s'attendre à ce que dans la capitale, à la veille des JO, il soit possible de parler un petit peu en anglais, langue dite internationale. Et bien non, pas plus que Guy Delisle en 1997 à Shenzhen ! Il est évident que l'on ne peut pas s'attendre à ce que les Chinois adoptent l'anglais pour faire plaisir aux touristes mais je me suis souvent demandée comment ils allaient faire face aux touristes pour les Jeux Olympiques. Par contre, dans le Sud, (à partir de Shanghai, en fait), il a été beaucoup plus aisé de pouvoir communiquer avec le monde. D'ailleurs à Shenzhen, nous n'avons eu aucune difficulté à nous faire comprendre, contrairement à Guy Delisle quelque 10 ans plus tôt.
J'ai été amusée de voir les épisodes où certains personnages voulaient s'approcher de cet occidental pour s’entraîner à parler (difficilement) l'anglais. Ça nous est arrivé aussi plusieurs fois pendant le séjour. Parler oralement avec un chinois s'est avéré souvent plus que laborieux. Par contre, c'est beaucoup plus facile avec eux à l'écrit !
J'ai beaucoup aimé aussi les expériences culinaires de Guy Delisle. Cela m'a rappelé les notre aussi ! Heureusement que nous étions souvent accompagnés de personnes chinoises pour nous aider à commander et faire de bons choix ! Les rares fois où nous sommes allés manger seuls, nous avons été ravis d'avoir des images. Ou alors, nous y allions au pif en déchiffrant les pictogrammes chinois tels que poulet, boeuf, crevette. Je dois avouer que je suis moins téméraire que Guy Delisle et je n'ai pas mangé aussi exotique que lui même si j'ai eu le droit aussi au serpent et ai refusé de manger du chien suspendu des heures au soleil...
Je me suis rappelé aussi les intérieurs de maisons de certaines personnes chez qui nous avons été invité et c'est vrai que c'était très épuré, pas beaucoup de meubles, juste le strict minimum.
Nous ne sommes pas allés à Canton mais à Hong-Kong où comme Guy Delisle, on se fond dans la foule, personne ne nous remarque... enfin, disons plutôt qu'ils sont habitués à voir des occidentaux et n'en font pas cas du tout contrairement au Nord où je me faisais dévisager en permanence. J'ai eu peur plusieurs fois pour certains cyclistes, à Beijing ou Xi'an, qui après m'avoir croisé continuaient à me regarder en tournant la tête et donc en ne regardant plus du tout où ils allaient !
Bon, parce que je pourrai encore parler des heures de mon petit séjour en Chine, je vais arrêter là et me concentrer plus sur l'album que je viens de lire ...
Cette lecture était donc une découverte du dessin de Guy Delisle et j'ai été plutôt séduite. Le crayonné est puissant. Il y a différents tons de noirs/gris, différents rendus gras/sec des traits (je ne sais pas du tout si c'est comme cela qu'on doit dire, je ne connais pas les termes techniques en dessin) et cela m'a fait penser aux différents crayons à papier B, HB, H et mes cours de dessins. Sauf que moi je suis pourrie en dessin (je ne sais absolument pas dessiner) et que Guy Delisle excelle avec ses crayons !
Le dessin est très simple mais suffisamment clair pour être très explicite. D'ailleurs, outre les vignettes de l'histoire, on se trouve parfois avec des dessins sur une page complète représentant un immeuble, un pylône électrique.. Ces grandes illustrations sont sublimes et tranchent un peu avec les dessins simples des vignettes. On a même le privilège de voir un un extrait d'un projet précédent de Guy Delisle et voir que le crayonné est encore différent et bien plus travaillé que les images de cet album.
Si j'ai aimé les différents éléments que soulève Monsieur Delisle sur le clash pour un occidental de se trouver en Chine, j'ai trouvé le tout très brouillon. On passe souvent du coq à l'âne. Certaines portions parlent de son quotidien de façon linéaire avec ses journées au travail, à la salle de sport et puis d'un coup, on a une réflexion sur la manipulation des sous par les personnes qui vont l'apporter à la banque ou sur les défilés des mannequins dans les centres commerciaux ou alors la conduite d'un vélo en pleine rue, puis on revient au travail à proprement parler de Guy Delisle dans le studio d'animation avec des cours sur la façon de présenter une personne qui se lève ou des yeux qui ne louchent pas.... Bref, j'ai trouvé que ça allait trop souvent dans tous les sens. Comme si cet album se voulait à la fois un concentrée de réflexions sur les différences entre la Chine et les pays occidentaux mais aussi un recueil d'un séjour à Shenzhen à la façon d'un journal qui retrace tous les évènements et les anecdotes d'une journée. Peut-être aurait-il été plus judicieux de séparer les deux ?
Verdict :
Cette première incursion dans la vie et les oeuvres de Guy Delisle me donnent bien envie de continuer. L'expérience sera d'autant plus intéressante que si, ici, je me suis retrouvée dans les expériences de Monsieur Delisle, il ne pourra pas du tout être le cas lors que je lirai "Chroniques birmanes" ou "Les chroniques de Jérusalem", par exemple.
Note : 7.5/10
Bonus 1 :
Jamais lu Delisle mais je suis bien tenté. Il va sortir un album en janvier où il parle de son rôle de père. Ce sera tellement de circonstance pour moi que je vais sans doute craquer^^
RépondreSupprimerIl m'a fallu bien longtemps avant d'ouvrir mon premier Delisle aussi mais je ne suis pas du tout déçue !
SupprimerCraquer, ça fait du bien des fois. Il est fort probable que je craque aussi :P
Je rejoints les ignorants que nous sommes ; jamais lu non plus et je n'ai plus qu'à corriger le tir !!
RépondreSupprimerIl n'est jamais trop tard ;)
SupprimerBonne lecture !
J'ai decouvert delisle avec les chroniques de jérusalem...depuis je suis conquise! J ai lu son carnet de voyage a rangoon... Mais il est difficile de se procurer ses bd a la biblio! Il y a tjs bcp d attente :((!
RépondreSupprimerIl m'a fallu longtemps pour recevoir cet album alors qu'il n'est "plus d'actualité"... et je suis passée à côté de ma réservation cet été des "Chroniques de Jérusalem". En effet, difficile de se les procurer à la biblio ! toujours très en demande
SupprimerJ'ai découvert cet auteur avec ses Chroniques birmanes, j'avais été très agréablement surprise ! Je poursuivrai probablement la découverte !
RépondreSupprimerJe pense lire tous ses albums. Cette première rencontre m'a vraiment donné envie de continuer
SupprimerJ'ai déjà lu ses chroniques birmanes et je suis tombée sur ses chroniques de Jérusalem à la bibliothèque: un vrai coup de chance! C'est intéressant les comparaisons que tu fais entre les souvenirs de Delisle et les tiens. Tu m'as donné très envie de lire aussi cet album. j'espère le trouver facilement.
RépondreSupprimerOui, coup de chance ... ses livres sont souvent hors des tablettes.
SupprimerJ'espère que tu aimeras cet album :)
Vraiment chouette, ta critique... Comme le dit Mango, c'est d'autant plus agréable de te lire que tu nous livres le point de vue d'une autre personne qui a passé quelque temps en Chine! Et merci pour le lien vers ma propre critique! C'est toujours très apprécié!
RépondreSupprimerOuf, contente que je ne vous ai pas assommée avec mes propres histoires de touriste.
SupprimerBienvenue pour le lien ;)
Une critique vraiment intéressante dans laquelle tu as pu confronter ton expérience. Je n'ai pas eu autant de chance avec Les chroniques birmanes que j'ai abandonné et rendu à la bibliothèque. J'ai eu l'impression de ne vivre que son expérience de père et de ne rien découvrir du pays, ou du moins très peu. Je devrais peut-être tenter celui-ci.
RépondreSupprimerRavie que mon expérience chinoise ait plu.
SupprimerHmm, merci de me prévenir sur la teneur très parentale des chroniques birmanes. Je serai probablement moins surprise et moins déçue en me préparant à la chose.
Si tu lise ce tome, sache que c'est quand même pas mal décousu. J'espère que tu apprécieras quand même